L’année 2024 a confirmé une tendance déjà observée depuis plusieurs années : la cocaïne occupe une place croissante dans les usages de drogues en France et en Europe. Les données publiées par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) indiquent que plus d’1,1 million de Français ont consommé de la cocaïne au moins une fois en 2023, un niveau inédit (https://www.ofdt.fr). Plusieurs rapports européens, dont celui de l’EUDA consacré à la situation des drogues en Europe en 2024 (https://www.euda.europa.eu/publications/european-drug-report/2024/drug-situation-in-europe-up-to-2024_fr), confirment une augmentation similaire dans la quasi-totalité des États membres.
Un marché en expansion et une accessibilité renforcée
La cocaïne n’est plus une substance cantonnée aux milieux festifs ou aux usages occasionnels. L’EUDA décrit un marché « plus large, plus diversifié et plus accessible » que jamais. L’offre est aujourd’hui caractérisée par une multiplication des points de vente, une fragmentation des réseaux et une circulation de produits dont la pureté reste élevée. Les saisies record réalisées dans plusieurs ports européens ces dernières années reflètent l’ampleur des flux et la capacité des organisations criminelles à contourner les dispositifs de contrôle.
En France, les services de santé et les associations constatent que la cocaïne touche des publics variés, y compris des personnes jusque-là peu concernées par les usages de drogues. La banalisation des usages en milieu urbain, l’apparition de formes bas prix, ainsi que l’essor du crack dans certains territoires, témoignent d’un phénomène désormais profondément ancré.
Des risques sanitaires sous-estimés
Les représentations sociales autour de la cocaïne demeurent souvent plus favorables que celles associées à d’autres substances illicites, ce qui contribue à une forme de sous-évaluation des risques. Pourtant, les données sanitaires disponibles rappellent que la cocaïne est impliquée dans un nombre croissant d’urgences hospitalières, d’atteintes cardio-vasculaires, de complications psychiatriques et d’épisodes de polyconsommation.
Les professionnels soulignent également l’impact de la consommation régulière sur la santé mentale, avec une augmentation des troubles anxieux, des épisodes dépressifs et des risques suicidaires. La Fédération Addiction insistait encore en 2024 sur la nécessité d’intensifier les messages de prévention et d’améliorer l’accès aux consultations en addictologie (https://www.federationaddiction.fr).
Un impératif de santé publique pour 2025
La hausse continue de l’usage de cocaïne pose un défi majeur pour les politiques publiques. Les réponses strictement répressives se montrent insuffisantes pour contenir un marché dynamique, adaptable et profondément intégré aux économies locales. Les acteurs de santé plaident pour un renforcement des stratégies de prévention, une amélioration de l’accès aux soins, et un développement des dispositifs de réduction des risques adaptés aux spécificités de cette substance.
L’année 2025 s’ouvre donc avec un constat clair : la montée en puissance de la cocaïne n’est plus un phénomène marginal mais un enjeu central de santé publique. Les données accumulées ces dernières années appellent à une action coordonnée, fondée sur les preuves, mêlant prévention, accompagnement et politiques de réduction des risques pour atténuer les dommages liés aux usages.